« You say you want a revolution
Well, you know
We all want to change the world
You tell me that it's evolution
Well, you know
We all want to change the world
But when you talk about destruction
Don't you know that you can count me out
Don't you know it's gonna be all right
All right, all right… »
John Lennon - Paul McCartney

N'avons-nous jamais pesté ou enragé de voir arriver des enfants de 10 ans, 12 ans ou plus avec des diagnostics de scoliose, de jambe plus courte, d'asthme intriqué ou d'allergies envahissantes ?

N'avons-nous jamais maugréé à l'encontre de ces pédiatres qui ne sont jamais préoccupés de palper ces touts petits bouts à la naissance afin de savoir s'ils étaient tendus, vrillés ou tordus ?

N'avons-nous jamais jeté l'anathème contre ces mères qui avaient bien entendu parler d'ostéopathie mais qui, finalement ont renoncé car leur pédiatre n'était pas d'accord (ou le conjoint, ou le budget...) ?

Soyons francs, lors de toutes les réunions, stages, congrès ou séminaires d'ostéopathes, ces râleries et regrets alimentent bien des conversations. Mais, regardons nous en face et posons nous la question : Que faisons-nous pour que cela change afin que plus jamais nous n'ayons à affronter ces corps tordus et chavirés, ces corps arrivés en fin de croissance avec des os durcis et fusionnés ?

Si vous êtes de ceux qui préconisent 1 ou 2 séances pour un bébé nouveau-né, baissez la tête, les stylos vont voler...

Combien de fois ai-je entendu parler de ce type de proposition thérapeutique rapporté par des parents d'enfants pré pubères affligés de tensions, de décalages et d'asymétries non résolus.

Oui, nous avions vu un ostéo à l'époque pour une séance (ou 2) et il nous a dit que tout allait bien, que c'était réglé.

Bien entendu les parents n'ont ni le recul ni l'expérience palpatoire ou visuelle pour apprécier si certaines tensions séquellaires persistent. Bien entendu, nous pouvons croire également que les géniteurs avaient désiré entendre à l'époque soit que tout allait bien, soit que tout serait réglé en 1 voire 2 séances.

Promouvoir l'idée qu'en 1 ou 2 séances un corps de nouveau né est complètement équilibré est à mon sens tout aussi stupide que de dire que l'ostéopathie ne sert rien. (Et je pèse mes mots, même si je ne les mâche pas toujours...).

En décembre 2006 un article réalisé avec ma collaboration est paru dans Santé Magazine. A la question posée par le journaliste Christine ANGIOLINI : « Combien de séances sont nécessaires pour libérer Bébé des contraintes de la naissance ? » Je suis sensé avoir répondu 2 ou 3 séances...

Refermez la bouche... (Si quelque insecte aventureux passe par là...) A la question suivante (malheureusement non publiée) qui demandait : « Et combien de séances faut-il pour réparer les dégâts de l'intra utérin ? » J'ai répondu 2 ou 3 aussi mais, 2 ou 3... ANS.

Nous sommes donc ici directement en rapport avec le titre choisi pour ce paragraphe : « Evolution et Révolution ».

Comme je l'ai déjà évoqué dans Grossesse, hormones et ostéopathie, il convient de distinguer essentiellement deux types de traumatismes, deux types d'impacts lorsque nous examinons et palpons le crâne (et le corps tout entier...) d'un nouveau-né :

1 - Les traumatismes en rapport avec la naissance

Chevauchements des os du crâne, dérangement du puzzle crânien, impactions de la base, compressions au niveau des sutures, cisaillements du thorax, spasmes du diaphragme, et autres dérangements de l'axe vertébral et du sacrum.

Tous ces incidents sont à rapporter bien entendu à une étroitesse des voies maternelles de passage, à un défaut d'axe d'engagement (souvent lié à la péridurale à voir 4e partie chapitre 3 dans >Grossesse, hormones et ostéopathie) ou, à des situations de blocage ayant nécessité une instrumentation de type cuillères, forceps ou ventouses. Au sujet de ce dernier point (l'instrumentation obstétricale), il faut à mon sens, se garder de condamner systématiquement l'usage de forceps ou de ventouses, usage qui vient souvent sauver la vie de l'enfant (et peut-être celle de la mère), tout comme il convient de constater et de bien prendre conscience que la situation de blocage en compression excessive est fréquemment plus pénalisante pour l'axe vertébral, le crâne et l'équilibre des méninges, que l'instrumentation elle-même ; même si cette dernière peut laisser des traces visibles sur la peau de l'enfant, hématomes ou écorchures. Il conviendra bien entendu de destresser et de désaturer les zones saisies par l'instrumentation, serrage latéral pour les forceps ou aspiration au sommet pour les ventouses, avec décalage entre la voûte crânienne et la base.

Nous sommes donc, dans ce que j'appelle un travail de « Révolution » car en 1, 2, 3 ou 4 séances, l'essentiel de l'équilibration et des corrections corporelles est obtenu. De fait un grand apaisement des nouveaux-nés s'en suit.

Les plus perspicaces d'entre vous auront constaté que je n'ai pas parlé ici du torticolis congénital, c'est bien entendu une omission volontaire (ou une exclusion) car il n'y a rien de plus « piégeux » (trompeur ou équivoque) que le sacro-saint diagnostic de torticolis congénital. Ce syndrome me rappelle cet avertissement qu'on peut encore voir à certains passages à niveaux : « Attention un train peut en cacher un autre ». De façon succincte, nous pouvons considérer effectivement que lorsque le torticolis n'a été créé que par l'impact des incidents de naissance et notamment par les contractions et les poussées incontrôlées et excessives de l'utérus maternel, la plupart des ostéopathes (qui sont des gens doux et ultras patients faut-il le rappeler) le corrigeront très bien, surtout s'ils s'intéressent à la globalité du corps, à l'équilibre des méninges (dure-mère) et à la relation crâne-thorax-sacrum, mais, mais, mais...il y a cette 2ème possibilité.

Les traumatismes en rapport avec la période intra-utérine, (ou en rapport avec les engagements prématurés dans le petit bassin...)

Dans ce cas de figure les compressions, les torsions liées au manque de place in utero et les impacts des contractions prématurées (ou aphysiologiques pour les puristes) de la phase de grossesse, auront occasionné des lésions d'une nature vraiment différente de celles engendrées par la phase d'engagement et d'expulsion (la naissance).

En quoi sont-elles différentes me direz-vous, il s'agit toujours et encore de compressions, de torsions, de limitations et de serrages.

Certes, certes, mais ces restrictions, premièrement n'interviennent pas seulement sur quelques heures mais, sur plusieurs jours, semaines, ou mois et, deuxièmement elles interviennent sur un organisme fœtal en pleine phase de croissance cellulaire et de maturation corporelle, en conséquence de quoi ce foetus va manquer de place et se retrouver « empêché d'expansion ».

Un enfant qui n'a décidément pas beaucoup de chance (et ils sont, nous sommes - nombreux dans ce cas) peut bien sûr cumuler les deux impacts (intra-utérin et naissance). Mais de toutes manières, en considérant (ou pas) ce cumul éventuel, les impacts traumatiques issus de la période intra-utérine nécessiteront une attitude et une orientation différente de la part du thérapeute manuel qui sera amené à soigner ce petit corps déformé ou contraint. La déformation étant constatable visuellement, la contrainte, elle se manifestant sous forme de tension persistante. Nous pouvons retrouver dans ces compressions in utero des pseudo torticolis congénitaux qui seront en fait issus de schémas corporels et de torsions beaucoup plus intriqués, plus affirmés et péjoratifs que ceux occasionnés par la naissance, ils peuvent être de plus dotés et affectés par une inertie tissulaire bien frustrante et gênante pour les thérapeutes non avertis.

Tout d'abord, et c'est bien là qu'est le piège, nous n'avons pas forcément affaire à des bébés pleurant, hurlant ou régurgitant, ils peuvent sembler parfaitement calmes, ce qui est forcément trompeur pour leurs parents. Et pourtant, dans les fibres de leurs corps, dans les travées osseuses, dans le déséquilibre de leurs méninges, il existe un schéma perturbé et dévié qui les obligera dès leur verticalisation, passage à la position assise ou plus encore premiers pas, à compenser et basculer sur leur axe vertébral, leur bassin et leurs membres inférieurs. Avant même cette position assise ou ces premiers pas une plagiocéphalie (déformation crânienne souvent postérieure ou postéro latérale) pourra apparaître, je développerai des explications sur ce type de déformation dans un prochain chapitre.

Ce schéma initial tordu (même s'il est masqué par une certaine inertie tissulaire) est annonciateur de scoliose (quasi certaine), il est perceptible pour une main et pour un œil exercés, mais c'est là que le bât blesse (le bourricot...), pour ces organismes là il ne conviendra pas d'utiliser des manœuvres et des ambitions de type « Révolution » mais il nous faudra impérativement nous orienter vers un travail de type « Evolution ». Pour ce travail nous utiliserons certaines armes dont j'ai abondamment parlé dans Grossesse, hormones et ostéopathie (Chapitre Thérapies et Manœuvres ) qui sont : « la mémoire de forme et la force de croissance ». Au total, pour ces profils corporels là, pour ces déformations ou contraintes, qui ont été provoquées par plusieurs semaines d'inconfort intra utérin, il est parfaitement stupide et inadapté de parler de 2 ou 3 séances. Il nous faut envisager un travail sur le long terme, de type modelage progressif.

A une époque où fraîchement émoulu je me croyais obligé de « réussir » en quelques séances, j'ai été interpellé par la consultation des fiches de ceux que je considérais comme des maîtres et des thérapeutes aboutis. Sur certaines de ces fiches répertoriant les soins accordés à des cas difficiles, j'ai pu constater que les bébés avaient bénéficié d'une douzaine (voire d'une quinzaine) de séances lors de leur première année. Consultations rapprochées que mes maîtres avaient alors justifiées par la nécessité d'intervenir au maximum dans la phase de malléabilité corporelle des enfants. J'ai pu ainsi, par la suite, non seulement me détendre par rapport à une pression excessive et frustrante, mais également améliorer considérablement mes performances thérapeutiques.

Ce type de paragraphe apparaîtra comme une évidence pour les thérapeutes les plus confirmés mais il apportera certainement appui et réconfort à tous ceux qui cherchent encore leur chemin. Je m'étais fait la promesse, lors de mes années de doutes, de solitude et d'expérimentation au cœur du labyrinthe corporel, que si un jour j'en sortais, non seulement je prendrai le temps de montrer le chemin aux autres, mais surtout je n'hésiterai pas à raconter mes difficultés et mes errements (et il y en eu beaucoup), pour encourager les débutants à patienter et à 1000 fois sur le métier remettre leur ouvrage. Ici, la question essentielle que l'on peut se poser est : « Pendant combien de temps doit-on se considérer comme un débutant ...? » Même si on finit par avoir quelques automatismes confortables, à chaque début d'enquête tissulaire, on se sent peu de choses...

Toujours dans le même ordre d'idée, en dehors de la période initiale néo natale ou des premiers mois de la vie, quel nombre de séances devons-nous envisager de pratiquer sur un jeune enfant qui nous est confié avec une pathologie bien chronicisée (asthme, otites, rhinos à répétition, maux de ventres ou de tête récurrents, etc.), ou une posture décalée (dos déséquilibré, membres inférieurs déformés, bassin, thorax, etc.) ? Voici donc une proposition de prise en charge en rapport avec mon expérience thérapeutique. En moyenne, pour un enfant de 3 ans, vous pouvez prévoir... : 3 ans de soins, pour un enfant de 4 ans, 4 ans, etc. J'essaie, lorsque je le peux, mon agenda étant rempli longtemps à l'avance, de prendre les enfants trois fois à un mois de distance, puis tous les trimestres pendant le nombre d'années en rapport avec leur âge. En général, et heureusement nous avons assez rapidement une atténuation ou une (apparente) disparition des symptômes originels, disons en 3 ou 4 séances, mais si nous ne poursuivons pas les soins, très souvent ils réapparaissent au bout de quelque temps. Pour les troubles de la posture marqués, rachis et membres inférieurs, il est plus sage de poursuivre à un rythme trimestriel jusqu'à la fin de la croissance (Evolution).

Le projet et l'intention thérapeutique ne seront pas orientés vers l'articulaire, ni même au début vers le déséquilibre méningé (dure-mérien) qui apparaîtra bien souvent peu évident voire inaccessible, mais en direction de densités acquises et hautement organisées. Les manœuvres nécessaires seront forcément encore plus lentes que celles habituellement utilisées, elles nécessiteront de fait beaucoup plus de patience et des appuis mentaux extrêmement solides (fulcrum pour les ostéos). Les thérapeutes novices pourront certainement y rencontrer frustration, difficultés et renoncements, d'autant que cet affrontement entre intention thérapeutique et densités corporelles très établies aura tendance à provoquer une irrépressible agitation chez l'enfant traité. Mais, une fois dépassé ses doutes et ses incertitudes, l'opérateur pourra sentir fondre quelque peu ces densités sous ses doigts, ce processus entérinant un début d'évolution qui se confirmera dans le temps par une fonte plus manifeste et surtout par un début de réexpansion de la structure ainsi, que par un net apaisement des rythmes corporels. Il faudra bien évidemment tenir compte des différents stades de fusion osseuse chez l'enfant, stades qui peuvent schématiquement se découper par tranches de 3 ans (3, 6, 9, 12 ans). En tenir compte ne veut dire en aucun cas renoncer, tant que le corps est en croissance, les possibilités de modelage et d'évolution positive sont importantes et infiniment productives et conduisent au final à une réharmonisation durable.

Nous pouvons évoquer rapidement sans la décortiquer ni la justifier (ce qui sera fait dans d'autres écrits, pourquoi pas un 2ème ouvrage...) l'apparition de ce que j'ai nommé « le schéma paradoxal » lors des premières séances (mais pas forcément la 1ère). Ce schéma de positionnement en torsion corporelle globale spontanée des enfants sur la table, lorsque nous travaillons le crâne, représente bien évidemment des séquelles posturales de gênes et de compressions datant de la période intra utérine. Ce « schéma paradoxal » (je l'ai nommé ainsi car il n'apparaît bizarrement que lorsque les enfants commencent à se détendre) peut être rencontré chez les enfants entre un et douze ans. Il signifie que ces enfants n'ont pas eu la chance d'être purgés et réharmonisés précédemment par une prise en charge ostéopathique compétente. Le crâne, le thorax et le bassin de ces enfants présentent, ainsi que nous l'avons évoqué précédemment des densités et des tensions excessives qui ne se libéreront bien évidemment qu'après un certain nombre de séances, le schéma péjoratif disparaîtra au fur et à mesure de l'allégement de ces densités et tensions indésirables. Lors de chaque séance bien sûr nous serons confrontés tout d'abord au vécu traumatique récent de l'enfant, chutes, poussettes, galipettes et activités sportives que nous affronterons assez facilement ou rapidement (Révolution), avant de devoir affronter, pour pouvoir les éroder et les faire fondre, les impacts des empêchements intra utérins (Evolution). Les fibres et travées osseuses s'étant construites sur les bases d'une verticalité perturbée, il nous faudra nous appuyer sur la force de croissance, ainsi que sur la mémoire de forme du corps de l'enfant, pour finir par obtenir un équilibre cohérent et suffisant à défaut d'être parfait, ce qui impliquera donc un travail de modelage précis patient et méticuleux qui s'étalera forcément sur plusieurs années. Comme nous l'avons précisé plus avant dans ce chapitre, ce nombre d'années correspondra plus ou moins à l'âge de l'enfant lorsqu'il débutera ses séances d'ostéopathie.

Je connais bien évidemment les travaux ou les modélisations de certains confrères sur ce qu'ils appellent les para scolioses, ce type de concept peut être envisagé à mon sens pour les apports traumatiques secondaires de l'enfant depuis ses premiers pas jusqu'aux conséquences de ses activités sportives, de ses dysfonctions viscérales ou de ses différentes contrariétés psychiques ou émotionnelles, mais le « schéma paradoxal » que j'évoque est d'une toute autre nature et d'une toute autre intensité, nécessitant davantage de temps de recul et de soins, et surtout la prise en compte des perturbations émotionnelles inconscientes. (L'ouvrage auquel je fais référence est : « L'ostéopathie en douceur » d'Yves Guillard, paru aux éditions Sully en 2006, c'est un merveilleux ouvrage. Ma propre modélisation est néanmoins légèrement différente, et si elle ne contredit en rien celle D'Y. Guillard, grâce aux enseignements de Bob Rousse ou de Pierre Tricot, il nous est permis d'envisager les choses sur la base de modèles infiniment plus simple. Je reviendrai sur ces considérations dans un prochain chapitre, ce qui vous laissera entre temps tout loisir d'éplucher cet ouvrage capital qui témoigne d'une expérience consistante tant du point de vue thérapeutique que pédagogique. Ouvrage réservé, à mon sens, aux professionnels de la santé.)

Voilà, j'espère avoir éclairé autant mes jeunes confrères que bon nombre de parents qui se posent légitimement ce genre de questions. Et tant que nous sommes lancés sur ce sujet, désirez-vous que nous parlions des traitements à accorder aux adultes ? Allons-y, tant que le fer est chaud... Pour ma part, étant donné l'état de mon agenda, je n'ai que peu l'occasion de recevoir des adultes « coincés » en urgence, ainsi que je l'ai déjà évoqué, les rendez-vous sont pris d'assaut longtemps à l'avance, ceci pour les traitements suivis, je garde quelques créneaux d'urgence pour les femmes enceintes et les bébés nouveaux-nés, qui représentent mes priorités, mais donc, pour un adulte de base, souffrant du dos ou de migraines ou d'autres problèmes, je préconise 3 séances rapprochées (1 mois d'écart entre chaque) en guise de traitement d'attaque puis une séance tous les trimestres pendant trois ans. J'ai eu l'occasion de faire des statistiques sur ce type de prise en charge, il y a environ 10 ans, et je me suis aperçu qu'une véritable sensation de d'ouverture, de plénitude et de réharmonisation énergétique ne pouvait intervenir que dans un créneau compris entre la 8ème et la 12ème séance. Ceci étant envisagé dans le cadre de résultats durables ; les symptômes, comme pour les enfants, pouvant disparaître, de façon trompeuse, bien avant.

Quel type de traitement doit-on appliquer à un adulte (ou à un enfant, ou à un bébé...) lors d'une séance ? Je reviens, à l'instant où je rajoute ces quelques dernières lignes, d'un symposium ostéopathique à Nantes (organisé par L'IDHEO) qui s'est révélé fort intéressant, mais, j'ai été interpellé par les différents discours tenus par la plupart des intervenants (ou par certaines conversations en coulisse) qui rappelaient sans cesse que l'ostéopathie est, et doit rester, une thérapie globale, qui se doit de prendre en compte tous les aspects de l'humain. Ce sont de pieux et sages messages tout autant que de nécessaires intentions, pourtant lorsque j'interroge les patients qui avant de venir me consulter ont été chez d'autres confrères, les compte rendus des séances pratiquées sont nettement plus restrictifs, faisant état de manipulations sommaires et d'un travail le plus souvent symptomatique. Bien entendu pour ce symposium nous avions certainement affaire à une certaine élite ostéopathique ; je le crois vraiment de par la réelle qualité de leurs interventions. Tout cela pour dire que lors d'une séance que ce soit la première, la seconde ou la suivante nous traiterons le corps dans toutes ses parties et en tenant compte de l'interaction de tous ses systèmes, n'ayant qu'une seule et unique intention de départ consistant à tenter d'améliorer ses voies de communication (nerfs, artères, veines et système lymphatique), tout autant que sa posture.

Appartiennent à la santé toutes les choses qui équipent le corps humain de sorte que, lorsqu'elles sont en bonne harmonie entre elles, la santé est établie. Hérophile, 240 av J.C.

Nous nous devons également de libérer (si nous savons être efficace dans ce domaine subtil, et si la demande est évidente et mâture) les patients de tous les kystes et blocages émotionnels et autres armures caractérielles (la cuirasse Reichienne). Cette purge des émotions enkystées dans le corps pourra bien évidemment aller jusqu'aux verrous émotionnels datant de la période intra utérine, rejoignant des intentions et des libérations inspirées des techniques de « Rebirth » d'Arthur Janov. (Il conviendrait certainement que j'en dise plus sur l'emploi de ces techniques dans le cadre de l'ostéopathie, ce sera fait prochainement...).

Toutes ces libérations, équilibrages et réharmonisations retentiront en conséquence sur une nette restauration de l'énergie vitale et du potentiel de santé de l'individu. Ce type de séance globale où nous nous mettons à la disposition des méandres du labyrinthe corporel, n'est ni plus difficile ni plus longue qu'un autre type de séance, il suffit de savoir faire face à la chronologie traumatique, à l'histoire corporelle ou émotionnelle du patient qui est unique ; forcément nous y rencontrerons évidence, ou résistance voire refus transitoire, ce qui nous ramène au concept d'évolution/révolution qui sous-tend ce chapitre. Nous devons être disponible pour toutes les rencontres, pour toutes sortes de blocages ou de souffrances, en y répondant certes par un toucher exercé mais, également par une présence thérapeutique impeccable pleine de compassion et de respect vis-à-vis de ce que l'autre désire exprimer. J'insiste sur ce point (comme je l'ai déjà abondamment fait dans Grossesse, Hormones et Ostéopathie) la qualité de la présence d'un thérapeute est son arme essentielle, plus encore qu'une technicité érudite, suralimentée, débordante et... rigide. La carte n'est pas le territoire, le modèle n'est pas le sujet, etc. Jeunes gens fraîchement diplômés, ne l'oubliez jamais, sinon vous vous ferez souffrir autant que vous décevrez vos patients.

Par ailleurs je tiens à rappeler qu'une ostéopathie bien conduite qui assume sa dimension énergétique est un excellent principe de prévention en matière de santé infantile ou adulte, et qu'une prise en charge régulière et suivie (de 2 à 4 fois par an) est garante d'une meilleure énergie vitale et d'une moindre confrontation à la maladie. Mais, par pitié, ne ratons pas, ne laissons pas passer ces petits corps contraints, dans la phase postnatale, phase où ils sont tellement malléables, toute leur vie peut en être changée. Je ne suis absolument pas d'accord avec certains avis relatifs, aux faux accents humanistes, que j'ai pu entendre lors de ce symposium, avis qui laissaient entendre que de toutes façons les enfants s'en tirent bien tout seuls, que nous ne sommes pas là pour refaire le monde, qu'il faut leur faire confiance pour trouver seuls leurs solutions, etc. Ce type de discours me rend furieux, tant il me paraît évident qu'une vie vécue avec un corps libre, détendu et détordu est vraiment d'une toute autre nature que celle vécue dans un corps contraint avec un émotionnel forcément perturbé, et une adresse gestuelle défaillante. Peut-être que les thérapeutes qui profèrent ce type de paroles ne croient pas vraiment en ce qu'ils font, où qu'ils n'ont pas encore acquis facilité ou intensité thérapeutique. Quant à moi, que ce soit tard le soir, en vacances, ou en week end je reste toujours pleinement disponible pour soigner et réharmoniser tous les bébichous qui se présentent à moi, c'est une question de passion et de profonde conviction par rapport aux possibilités de prise en charge ostéopathique. Une ostéopathie qui tient compte des nécessités de drainage toxémique et qui prend le temps de considérer les verrous émotionnels lorsqu'ils existent, cette ostéopathie-là est beaucoup plus facile à exercer car elle tient compte des principes de globalité, d'interaction des systèmes et de la chronologie des événements traumatiques.

La vie, c'est l'ensemble des forces qui résistent à la mort. Xavier Bichat

J'espère que vous aurez profité de l'occasion pour ressortir de vos étagères poussiéreuses l'intégrale des Beatles, en ces temps troublés, un peu de rythme, de gaîté et d'optimisme ne vous feront pas de mal...

Photo des Beatles
We all want to change the world.
All right, all right...

Il faut y croire, ne serait-ce qu'un peu...