La pilule contraceptive serait enfin innocentée par une récente étude américaine réalisée par le centre de prévention et de contrôle des maladies en association avec l'Institut National de Santé. D'après cette étude publiée par le New England Journal of Medicine, les conclusions sont évidentes : les femmes qui prennent ou qui ont pris une contraception orale n'ont pas ou n'auront pas plus de risques que les autres de développer un cancer du sein. Cette étude a porté sur près de 9000 femmes âgées de 35 à 64 ans, représentantes des premières générations ayant utilisé la pilule. 4575 femmes atteintes de cancer et 4682 en bonne santé. 77% du premier groupe atteint et 79% du second groupe sain avaient utilisé ce mode de contraception. (NEJM 2002, Juin, n° 26).
David BÊME rédacteur du site Internet « Doctissimo » nous rappelle que depuis longtemps les études se succèdent, sans pouvoir apporter une réponse définitive et fiable.
Par exemple, en octobre 2000, une étude (JAMA 2000, n° 284), a conclu que la contraception orale multipliait par trois le risque de cancer du sein chez des femmes ayant des antécédents familiaux de tumeur. Cette augmentation du risque étant valable pour une mère ou une sœur atteinte par cette maladie. Ce chiffre pouvait monter à 11 fois si cinq parentes étaient concernées. Ces résultats imposaient de toute évidence aux femmes ayant eu une mère ou une sœur affectée par un cancer du sein de choisir un autre mode de contraception que la pilule.
Dès 1996, une compilation d'une cinquantaine d'études effectuées dans 25 pays, englobant un total de plus de 150 000 femmes avait mis en évidence un risque accru chez les femmes prenant ou ayant pris un contraceptif oral.
Nous rappelons que le cancer du sein est la première cause de décès chez la femme occidentale et qu'il représente le type de cancer le plus fréquent.
Entre l'année 1980 et l'année 2000, le nombre de cas a doublé. La plupart des pays « riches » occidentaux sont concernés par ces chiffres.
En France, durant les deux dernières décennies la mortalité est restée relativement stable malgré la progression de nouveaux cas, de 8649 en 1980 à 11 637 en 2000. Ceci est davantage dû à des méthodes de dépistage précoce qu'à une plus grande capacité thérapeutique, selon Henri JOYEUX, cancérologue à Montpellier.
David BÊME nous dit que les facteurs environnementaux sont très certainement à incriminer. Pour illustrer ce propos, il rapporte que les femmes japonaises connaissent un taux de cancer du sein 3 fois moins important que les américaines, mais que lorsqu'elles migrent aux Etats-Unis, ce risque finit par devenir identique à celui encouru par les autochtones. David BÊME pose alors un certain nombre de questions : « Quels sont les coupables ? Modification des modes de vie ? Alimentation ? Contraception orale ? Traitement substitutif de la ménopause ? Pesticides, ou autres produits chimiques ? ».
Nous pouvons à défaut d'apporter des réponses définitives, rappeler simplement que jusqu'en 1999, la contraception orale était interdite au Japon…Et, rappeler également que les produits employés en contraception (oestrogènes ou progestatifs de synthèse) sont rigoureusement les mêmes que ceux incriminés par les études relatives aux risques cancérigènes du traitement hormonal substitutif de la ménopause. Aurions nous affaire à deux poids/deux mesures, à une incapacité d'extrapolation ou, à un peu beaucoup de mauvaise foi ?
Le revirement des autorités sanitaires françaises (et très certainement anglaises et américaines) en matière de traitement hormonal substitutif de la ménopause semble davantage lié à une soudaine et importante pression médiatique, qu'à une réelle prise de conscience des risques encourus par l'absorption de molécules synthétiques aux effets mal connus et au rapport risques/bénéfices incertain dès le départ. Au détour de cet épisode (comme pour de nombreux précédents), on a pu s'apercevoir et réaliser que la seule chose qui puisse déstabiliser une pratique médicamenteuse douteuse (ou évidemment néfaste pour les plus clairvoyants) en cours, c'est un ébranlement induit par une pression médiatique, plus que l'apport de preuves statistiques indéniables et irréfutables. Ainsi que nous avons pu le constater dans Grossesse, Hormones et Ostéopathie, les études diligentées peuvent se succéder à l'infini et, chacune est en mesure de prétendre le contraire de la précédente. La prise de conscience de quelques thérapeutes et de nombreuses femmes en matière de contraception orale ne suffira pas, pas plus que l'impact de telle ou telle étude, il faudrait un nouveau TSUNAMI médiatique pour bousculer les intérêts en jeu, ainsi que les habitudes prises. Celui-ci ne me semble pas prêt d'arriver. Pourtant David SERFATY expert en la matière, dans son livre Contraception (Masson), au chapitre Contraception du futur nous dit qu'il serait souhaitable qu'une pilule œstroprogestative à base d'œstrogène naturel voit le jour dans un proche avenir. Ce qui éliminerait théoriquement les risques potentiels des œstrogènes de synthèse, notamment l'éthinyl-estradiol. Mais il faudrait des doses très élevées de 17 bêta estradiol (E2) potentiellement toxiques pour la fonction hépatique. Il faudrait également utiliser des progestatifs encore plus puissants pour freiner l'axe gonadotrope. Il termine en nous disant qu'un contrôle imparfait du cycle serait alors à craindre. (SERFATY, 2002, 398). Comme nous pouvons le constater une fois de plus les effets nocifs des molécules de synthèse sont parfaitement connus mais des solutions de remplacement dépourvues d'effets secondaires tardent à venir, elles ne sont en tout cas pas envisageables dans un proche avenir.
Pour ma part, si j'ai pris la pilule contraceptive comme cible, c'est non seulement car elle est suspectée d'augmenter les facteurs de risque en matière de cancers du sein, mais surtout car elle vient profondément perturber le ventre des femmes occidentales ainsi que le bon déroulement d'un grand nombre de grossesses. (Voir Le déclic dans Le Syndrome du rez-de-chaussée). Je suis sûr qu'aucune personne sensée ne peut accepter l'idée qu'on vienne déranger le moule maternel et que les bébés qui en sont issus soient de plus en plus comprimés, tordus et souffrants. La capacité à mettre au monde des enfants souriants, heureux et détendus est à mon sens une priorité pour une société qui se veut évoluée et prospère.
Pour une meilleure évaluation des risques encourus relatifs à l'usage des hormones synthétiques, je recommande aux lectrices (et aux lecteurs bien sûr) de consulter attentivement la 2ème et la 3ème partie de Grossesse, hormones et ostéopathie.