Le massage des bébés est une tradition ancestrale qui se retrouve au cœur de la plupart des cultures et des époques.

Bébé à défriper, Népal
Bébé à défriper, Népal

De parent à enfant l'art du massage a été transmis pendant des générations comme faisant partie des soins indispensables aux bébés certainement, dans le but de tonifier ou de vivifier ces petits organismes en pleine expansion, certainement aussi dans le but de leur transmettre davantage d'affection et de les rassurer, lorsque le besoin s'en faisait ressentir, mais également et surtout, toutes les ethnies ou populations pratiquant le massage des bébés avaient le souci de les défriper, de les défroisser, de les détordre ou de les réharmoniser consécutivement aux contraintes de la naissance ou de la période intra utérine.

« Il faut travailler le corps du bébé tant qu'il est encore tendre » nous disait Hippocrate, au 5ème siècle avant Jésus-Christ.

Au Mali, la mère Dogon masse quotidiennement son bébé avec de l'huile de raisins sauvages, elle s'occupe d'abord du crâne, considéré comme partie noble, pétrit ensuite le reste du corps en prenant bien soin d'étirer les membres supérieurs et d'allonger fermement mais tendrement les petites jambes. Elle défroisse et repasse ce bébé sorti tout recroquevillé et quelque peu chiffonné de l'utérus. Cette toilette musculaire est répétée tous les jours pendant la première année. Selon les Dogons, lorsqu'un enfant éprouve le besoin de s'étirer c'est qu'il a été mal ou, insuffisamment massé. Nous retrouvons ce type de pratique, encore actuellement, dans toute l'Afrique de l'Ouest, mais également au Maghreb, en Amérique du Sud, en Inde, au Tibet ou au Népal. Les huiles utilisées sont extrêmement diverses : Huile de palme, de sésame, de moutarde, de coco, d'olive ou de karité, toutes ont la triple fonction d'aider à masser l'enfant de façon agréable mais également de les parfumer ainsi que d'éloigner la plupart des insectes.

Bébé à défroisser, Côte d'Ivoire
Bébé à défroisser, Côte d'Ivoire

En occident, au début du 20ème siècle nous avons peu à peu abandonné ces pratiques faites de tendresse et de confirmation affective, pour nous aligner sur des recommandations et des normes pédiatriques se préoccupant essentiellement de l'alimentation, de l'hygiène ou de la prophylaxie vaccinale. Mais, si ces recommandations ont une efficacité réelle et prouvée, elles occultent et négligent complètement cet aspect essentiel de réconfort et d'échange entre parents et enfants qui est dévolu au massage ; aspect qui est à même de rétablir le sens de la famille ainsi qu'un contact intense, sensoriel et charnel, susceptible de profiter autant aux parents qu'aux enfants. Il n'est pas difficile de prouver que les bébés négligés ou élevés de façon rigide ou distanciée souffriront de manque affectif et de difficultés relationnelles ou sexuelles durant toute leur vie, et que certainement ce processus névrotique se transmettra à la génération suivante par incapacité parentale de manifester ou d'exprimer son affection. Au-delà de toute pratique ostéopathique spécialisée et techniquement exigeante, nous ne pouvons que recommander aux parents de rétablir ce noble contact qu'est le massage, ce pourrait être sans aucun doute une façon de rompre certaines névroses transgénérationnelles ou psycho généalogiques dont notre époque se préoccupe tant.